Hôpital Protégé – Majorie, Sion

Hôpital Protégé – Majorie, Sion

La préservation du patrimoine fortifié est un casse-tête pour les autorités politiques, serrées dans leurs contraintes budgétaires. L’exemple de l’hôpital de la Majorie à Sion en est un exemple.

Il s’agit d’une installation de protection civile qui est digne d’intérêt au niveau régional et qui devrait faire l’objet d’un lifting, ainsi que d’une réflexion sur une utilisation mixte de ces infrastructures. 

Nous irons visiter cette installation durant notre assemblée générale 2019, et en attendant, votre comité va rencontrer les autorités et les services de la cultures pour discuter des possibilités, de mise en valeur, de cet ouvrage situé sur un emplacement exceptionnel.

 

Galenhütten – De l’architecture en haute montagne

Galenhütten – De l’architecture en haute montagne

Une forteresse de Granit

Qui protège l’accès à la Furka

SERVIR 2002 – TOURISME DE MÉMOIRE

SERVIR 2002 – TOURISME DE MÉMOIRE

Le tourisme de mémoire: Quel potentiel et à quelles conditions ?, par Alain Monferrand[1]

Ce que l’on désigne ordinairement comme le tourisme de mémoire, comprend trois catégories de sites dont les clientèles sont attirées par les fortifications, les champs de batailles, les musées militaires, la visite de navires de guerres et de collections de matériels militaires. La France, à laquelle une histoire mouvementée a légué un exceptionnel patrimoine de mémoire, est l’un de tous premiers pays au monde pour le nombre des lieux, l’importance et la diversité de ce patrimoine.

Des premières enceintes bastionnées et des citadelles de Vauban à la ligne Maginot, voire aux bases sous‑marines et usines de V2 allemandes, la France possède le plus grand conservatoire d’architecture militaire au monde. On peut y visiter des dizaines de fortifications caractéristiques de chacune des principales périodes, en parfait état de conservation grâce à l’action efficace et conjointe de l’Etat, des collectivités locales et de nombreuses associations. La fréquen­tation cumulée de toutes ces fortifications représente aujourd’hui environ 5 millions de visiteurs. Une politique active de mise en tourisme et de promotion permettrait de doubler ce chiffre.

Le patrimoine fortifié est particulièrement abondant dans certaines régions qui furent constamment aux avant‑postes de la France. C’est le cas du Nord‑Pas‑de‑Calais avec, notamment, les villes fortifiées et les citadelles du « Pré Carré » de Vauban. Les citadelles de Lilles, d’Arras, les enceintes fortifiées de Gravelines, Bergues, Condé­sur‑Escaut, Maubeuge, Montreuil‑sur‑Mer et Le Quesnoy, les usines de V2 d’Eperlecques et d’Helfaut‑Wizernes constituent déjà des sites visites régulièrement. La Lor­raine avec Toul, Metz et Verdun, mais aussi Bitche, Phalsbourg, Thionville, Epinal, Montmédy, l’Alsace avec Strasbourg, Neuf‑Brisach, les ouvrages de la ligne Maginot, les fêtes allemandes et les ouvrages de Séré de Rivières d’avant 1914, restaurés grâce à l’action efficace de nombreuses associations, constituent une offre touristique exceptionnelle dans ce domaine dont bien peu de pays européens peuvent se prévaloir. Le patrimoine fortifié est également très présent dans nos principales régions touristiques et, notamment, sur nos côtes à Brest, Lorient, en Charente-Maritime, à Blaye dans l’estuaire de la Gironde, à Toulon et dans les îles d’Hyères, sur la Côte d’Azur, à Cannes et dans l’arrière pays niçois, de Sospel au col de Tende. En montagne, on rencontre fréquemment dans les vallées alpines des ouvrages spectaculaires dont les casemates et les caserne­ments sont creusés dans d’impressionnantes falaises rocheuses, comme au fort l’Ecluse, face à Genève, ou au fort de Tournoux, dans la vallée de l’Ubaye. 2002-fig-6-fort-de-lecluse Ailleurs. comme à Modane, Brian­çon ou Mont Dauphin, ce sont des étagements successifs d’ouvrages fortifiés qui occupent les plateaux, contribuant à constituer un extraordinaire paysage urbain. Dans les Pyrénées‑Orientales, des citadelles et des petites villes fortifiées du XVII° siècle, édifiées par Vauban, offrent aux touristes des exemples exceptionnels. Plus à l’ouest, des villes de Navarenx, Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port méritent également un détour. Des musées d’histoire militaire dotés de collections rares Avec quelques 400 musées historiques et militaires, la France possède sur tout son territoire une offre abondante, au premier rang de laquelle figurent des collections de réputation internationale, comme celles du musée de l’Armée aux Invalides, du musée de la Marine au Trocadéro et du musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. A ces trois grands musées parisiens s’ajoutent de grands musées historiques dans les régions, tels que le Mémorial de la Paix à Caen, l’Historial de Péronne, la Coupole d’Helfaut‑Wizernes près de Saint-Omer, Ies grands musées de Verdun, le récent mémorial d’Oradour‑sur‑Glane et de nombreux musées de la Résistance ( Lyon, Besan­çon…). Des collections de matériels mili­taires, comme celles des blindés à Saumur ­ou d’artillerie à Draguignan, particulière­ment riches, ne connaissent pas, faute d’une mise en valeur suffisamment attractive, la fréquentation qu’elles mériteraient. Enfin, même si l’offre française est dans ce domaine moins fournie que celle des Etats‑Unis ou de la Grande‑Bretagne, 5 bâtiments de guerre retirés du service sont ouverts à la visite : 3 sous-marins (L’Argonaute à la Cité des Sciences de la Villette, L’Espadon à la base sous-marine de Saint-Nazaire), le croiseur Colbert à Bordeaux et l’escorteur Maillé Brézé à Nantes. L’ensemble de la fréquentation de ces musées et de ces anciens bâtiments de la Marine Nationale représente également environ 5 millions de visiteurs annuels.   Lieux de mémoire et champs de bataille La troisième composante du tourisme de mémoire est celle des visiteurs des champs de bataille. Les sites les plus fréquentés sont ceux des plages du débarquement en Normandie, avec 2,5 millions de visiteurs, suivis des champs de bataille de la Première Guerre mondiale dans le Nord (Vimy, Notre-Dame-de-Lorette…), en Picardie, en Champagne (Chemin-des-Dames), autour de Verdun et en Alsace (Linge et Hartmannswillerkopf), avec entre 500’000 et 1 million de visiteurs par région. La disparition progressive et inéluctable des vétérans des derniers conflits mondiaux ne semble pas réduire le flux des visiteurs. Les sites reçoivent aujourd’hui les descendants des anciens combattants avec, en Normandie et dans le Nord-Pas-de-Calais notamment, une très forte clientèle américaine, canadienne, britannique et même australienne et néo-zélandaise. Des champs de bataille plus anciens, tel celui d’Azincourt, font l’objet de mise en valeur – avec parcours et centre de restitution – et reçoivent déjà une clientèle anglaise et française. Un éventail de motivations très diverses conditionne la fréquentation des visiteurs. Outre un engouement jamais démenti pour l’histoire, on citera la dimension épique ou héroïque pour les champs de bataille, l’intérêt scientifique et technique pour les collections de matériels militaires, d’avions et de bateaux de guerre, l’originalité des formes architecturales pour les citadelles et ouvrages fortifiés, mais aussi le côté secret et inconnu des lieux que les civils n’ont ordinairement pas le droit de visiter. Pour beaucoup de régions très éprouvées par de nombreux conflits, les trois composantes de ce patrimoine constituent aujourd’hui une source de diversification de leur offre touristique qui, si elles sont mises en valeur de manière attractive, peuvent se révéler très importantes pour le devenir de leur économie touristique, ce qui ne serait après tout qu’un juste retour des choses.   Les conditions indispensables à une meilleure mise en tourisme du patrimoine militaire Pour chacune des trois catégories de sites, un certain nombre de conditions apparaissent indispensables si l’on veut encore accroître leur fréquentation et améliorer leur mise en tourisme. S’agissant du patrimoine fortifié, trois priorités apparaissent :

–      Mettre en réseau l’ensemble des sites d’une région, voire de plusieurs régions, avec un dépliant commun, des actions de promotion communes et la réalisation de guides spécifiques les regroupant, ainsi que de guides de visite pour chaque site, le tout en trois langues au moins en plus du français.

–      Baliser dans l’ouvrage fortifié lui-même un parcours pédagogique permettant aux visiteurs français et étrangers de comprendre le plan de l’ouvrage et de ses principales composantes architecturales.

–      Présenter son histoire et les raison de sa construction et, si possible, reconstituer par tous les moyens compatibles avec le lieu et les ressources financières locales le fonctionnement de ses principaux organes défensifs et lieux de vie.

Trop souvent, les ouvrages fortifiés n’offrent pas au visiteurs cette lisibilité pourtant indispensable à la compréhension des formes architecturales complexes, aux fonctions pas toujours perceptibles pour le visiteur non averti. Pire, dans de nombreux cas les forts servent uniquement de salles d’expositions temporaires pour les œuvres d’artistes locaux, sans que la moindre explication historique ou architecturale ne soit apportée au visiteur, ce qui provoque de sa part une grande frustration. Ce défaut d’explications est d’autant plus regrettable que des efforts financiers souvent considérables ont été consentis par les collectivités locales pour la restauration du monument lui-même et que cette mise en tourisme, en accroissant le nombre des visiteurs, permettrait un retour sur investissement au plus grand profit de l’économie locale. Enfin, on n’aura garde d’oublier qu’un balisage lisible, une mise en lumière, des parcours d’accès et des emplacements de parking bien étudiés, notamment pour les cars, sont des conditions indispensables à un accroissement de la fréquentation. En ce qui concerne les musées militaires, on ne saurait trop insister sur la formidable mutation qu’a connu la demande des publics, tant français qu’étrangers, depuis ces 20 dernières années. Le musée, essentiellement composé de vitrines remplies de militaria, ne fait plus recette même si l’objet authentique demeure un élément essentiel et très attractif parce que chargé de sens et de souvenirs. L’objet, surtout s’il est technique, doit être accompagné d’une mise en scène et d’explications par les moyens audiovisuels les plus attractifs pour le situer dans son époque et expliquer sa fonction. Dans un musée moderne, il ne saurait plus y avoir un parcours où le visiteur butine passivement, de vitrine en vitrine, une masse d’informations présentées en vrac. Il faut recréer l’ambiance, souvent le mouvement, pour que le visiteur se sente porté par le désir d’en savoir plus. Le considérer comme un initié est une erreur commune, tout aussi redoutable et fréquente que celle qui consiste, au contraire, à simplifier outrageusement le message et à tomber dans la caricature. Cette exigence est rigoureusement identique en ce qui concerne la présentation des bateaux de guerre et des matériels militaires (blindés et artillerie…). De même, la mise en tourisme d’un lieu de mémoire et, plus particulièrement, d’un champ de bataille nécessite un effort considérable de présentation et restitution, préalable à l’indispensable visite sur le terrain, selon un parcours balisé permettant aux visiteurs de se mettre à la place des acteurs ayant vécu la bataille et de ressentir toutes les émotions du lieu. Là aussi, trop de lieux de mémoire ne disposent pas de cet indispensable centre de restitution qui doit être bien plus qu’une accumulation de souvenirs et de militaria, un véritable moment de restitution historique permettant de comprendre le pourquoi de la bataille et ses phases essentielles, ses enjeux et ses conséquences. En occultant trop souvent cette nécessaire mise au point historique, on passe à côté de l’essentiel et on lasse le visiteur. Au cours de ces prochaines années, la France, de par sa position au cœur de l’Europe l’Ouest en tant que point de passage obligé, sera de plus en plus une destination de court séjour. Si elle veut maintenir sa position en tête des pays touristiques, elle se doit de mettre à profit toutes ses ressources et, notamment, son immense patrimoine historique. Le court séjour est presque toujours thématique. Quand on vient visiter une région et que l’on dispose de peu de temps, on aspire à l’utiliser de la manière la plus efficace et la plus attractive possible. Le riche patrimoine militaire de la France constituera pour elle un atout dans la diversification de son offre touristique s’il est convenablement mis en tourisme et si chacun des lieux qui le constituent font l’objet d’un investissement de qualité susceptibles de les rendre véritablement attractifs pour des publics français et étrangers les plus diversifiés.[2]

 

Forts et citadelles: nombre de visiteur
Fort Sainte-Marguerite Cannes

300’000

Citadelle de Besançon Besançon

245’000

Citadelle de la Bastille Grenoble

196’000

Citadelle de Perpignan Perpignan

115’000

Coupole d’Helfaut-Wizernes St-Omer

107’000

Fort de Douaumont Verdun

107’000

Citadelle de Bitche Bitche

70’000

Fort Liberia Villefranche

62’000

Citadelle de Belle Ile Le Palais

42’500

Ouvrage Maginot Hackenberg

35’000

1]   Alain MONFERRAND est directeur de l’Observatoire National Français du Tourisme, et président de l’Association Vauban, société poursuivant en France les mêmes objectifs que la nôtre.

[2]   Article paru dans « Les dossiers de l’Abécédaire parlementaire, n° 9 », Unicomm, Paris, 2001
2015 Simplon

2015 Simplon

 

Le dispositif du Simplon

Pierre Delévaux et Serge Monnerat nous ont concocté un programme alléchants. Deux cars nous ont conduits, à proximité de la gare de Gampel pour un café/croissant en campagne. Pour les participants, ce fut l’occasion de retrouvailles.

Un groupe se rendait dans un premier temps à Naters, puis il rejoignait l’autre groupe pour un repas en commun à l’hospice. Durant l’après-midi, nous avons ensuite visité le fort de Gondo.

Dans les années 1990, j’avais fait du service dans la région du Simplon. A cette époque, mon intérêt pour les fortifications n’était pas encore une passion, mais simplement de la curiosité.

Lors d’un exercice combiné, une partie de ma compagnie a logé dans cette forteresse de Naters que je jugeais peu confortable.

Avec une certaine émotion, je me suis promené dans les couloirs de cette installation, qui a été remaniée de fond en comble depuis son ouverture au public.

Les magasins de munitions ont été convertis en espace d’exposition pour les Gardes Pontificaux et pour des ensembles d’uniformes de notre armée, couvrant la période de la première guerre à nos jours. Les espaces de visite ont été aménagés avec goût et surtout, avec des moyens considérables, grâce à une ribambelle de sponsors. Le Haut-Valais montre une capacité impressionnante à se mobiliser pour un projet et à attirer des fonds de partenaires externes à la région. Il y a, dans cette partie de notre canton un savoir-faire et une volonté de s’unir pour mener à bien un projet. Une belle leçon pour le Bas-Valais !

Le fort de Naters est un bel exemple de ce savoir-faire. Nous avons été accueillis par des guides connaissant leurs installations sur le bout des doigts. Plus qu’une visite, on peut parler d’un échange. L’ouverture du tunnel du Simplon a pour conséquence la mise en place d’un dispositif défensif comprenant une vingtaine d’objets, dans le tunnel lui-même et aux alentours du portail nord. Parallèlement, les Italiens installent un système défensif au portail sud. La sortie du tunnel est barrée par une suite de grilles et de portes blindées. Un dispositif de déraillement et des ouvrages minés permanents compléteront le concept.

Dès l’année 1935, on envisage la construction de l’ouvrage fortifié de Naters, sur la rive gauche du Rhône. L’emplacement définitif sera toutefois choisi dans la paroi rocheuse située au-dessus de la localité de Naters. Les travaux de construction débutent en février 1939 et le gros œuvre est terminé au début de l’automne. Durant le service actif, l’armement est complété, comprenant dès lors 2 canons de 10,5 cm, 4 canons de 7,5cm ainsi que 6 mitrailleuses. La défense extérieure comprend des positions pour des canons de défense contre avions de 20 mm et pour des mortiers de 8,1 cm. La capacité de logement du fort est d’environ 180 personnes.

L’ouvrage assure l’appui de feu défensif par l’artillerie sur le col du Simplon, sur le secteur Simplon Village – Gabi – Gondo, et les appuis de feu en tir direct sur la gare de Brigue et sur la sortie nord du tunnel du Simplon.

La zone d’efficacité des canons 10,5cm de l’ouvrage de Naters a comme limite gauche la ligne Brigue – secteur à l’est du Monte Léone (inclus) et comme limite droite ligne Brigue – secteur à l’ouest du Fletschorn (inclus). La portée maximum couvre Iselle (portail sud du tunnel) sur l’axe routier du Simplon. En plus de ces trois positions de barrage, le secteur comprend une série d’ouvrages, de barricades antichars, d’objets minés permanents, de postes de commandement et d’abris souterrains pour la troupe.

Dans un secteur que nous n’avons pas visité, l’ouvrage comporte également une unité de repérage d’avions qui avait pour mission d’observer visuellement les accès aériens, hors de portée des radars. S’agissant d’une unité du service complémentaire féminin, les accès étaient séparés et indépendants.

Arrivés à l’hospice, nos «forteressards» nous ont rendus attentifs au fait que le col possédait également une série d’ouvrages de barrages situés sur le haut plateau, sur les versants sud et au nord du col. Ils comprennent une vingtaine d’objets, essentiellement des positions d’armes d’infanterie, des abris, des cantonnements sous roc et des dépôts protégés. La plupart de ces ouvrages ont été construits par la brigade de montagne 11 durant le service actif 1939-1945.

C’est dans la simplicité du réfectoire de l’hospice que nous avons «soigné la camaraderie».

Dans la deuxième partie de notre après-midi, mon groupe a visité le fort de Gondo. Je dois avouer que cela faisait une éternité que je rêvais de cette visite, car en dépit du nombre de jours de service effectués dans cette région, ce fort demeurait pour moi un mystère.

Nous avons été accueillis par 2 guides de la région, qui ont donné à cette visite une aura toute particulière. Un vrai moment de plaisir, que de se faire bercer dans les entrailles de Gondo par la douce musique du oberwalliserdeutsch !

Ce secteur est véritablement un passage obligé. Chaque centimètre est compté. L’ouvrage principal a été en grande partie construit entre 1909 et 1918. A cette époque, le passage se faisait directement devant le fort et non en fond de vallée comme actuellement.

Ultérieurement, peu avant la mobilisation de 1939, cet ouvrage est modernisé afin qu’il puisse remplir sa mission, soit barrer la route Gondo-Simplon et empêcher une poussée ennemie à travers la gorge de Gondo.

On trouve encore des éléments intéressants comme la cuisinière à bois, les moteurs 2 temps pour des batteries en verre, les dortoirs avec les lits en métal et la chaudière à bois. Le transport par câble a par contre été démonté. L’autonomie de l’ouvrage est fixée à un minimum de quatorze jours; une durée plus longue dépend du ravitaillement en munitions et en biens de soutien. L’armement est essentiellement constitué d’armes d’infanterie à tir direct.\r\nDes objets minés permanents permettent la destruction de la route.

Dans le cas du Simplon, le relief découpé, les profondes vallées, l’absence de toute rocade carrossable, la succession de gorges et de plateaux d’altitude favorisent grandement le combat défensif.

Encore MERCI à nos organisateurs pour cette belle journée dans ce secteur du Simplon.

Col Pascal BRUCHEZ

Données techniques provenant du site http://rha.revues.org/signaler5052

SERVIR 2002 – ANNÉE 2002 !

Année 2002 !…, par le Divisionnaire Luc Fellay

La politique de sécurité de notre pays traverse une période de mutation sans précédent. Le plan directeur Armée XXI, fondé sur la conception de la sécurité par la coopération, est actuellement soumis aux Chambres fédérales. Sur cette base, la Suisse pourra se doter d’un instrument stratégique moderne, adapté aux menaces.

Dans ce contexte, j’aimerais vous présenter trois aspects liés qui me semblent importants:

  • Le principe de modularité;
  • Le futur des troupes de forteresse;
  • Le tourisme de mémoire.

Objectivement, nos Grandes Unités ne sont plus capables de remplir les prestations exigées et, en parallèle, de développer, ou même simplement de conserver Un niveau d’instruction crédible, car, tandis que les servitudes et les engagements augmentent, les effectifs, en particulier ceux des cadres, diminuent !

L’ordre de bataille de l’armée, héritier de la guerre froide et d’une conception statique des opérations, ne nous facilite pas la tâche.
La solution de la modularité, force de circonstance créée en fonction des besoins, n’est cependant pas encore entrée dans les habitudes du commandement, alors que la majorité des missions subsidiaires sont déjà remplies de cette manière !
Il n’est ainsi pas rare de voir, conduites par un état-major de GU territoriale, des troupes du Nord-Est de la Suisse garder des missions diplomatiques à Genève ou assurer l’aide en cas de catastrophe en Valais.
Le principe de la modularité offre une plus grande liberté de manœuvre au décideur. Il lui accorde une flexibilité maximale dans l’emploi des formations et permet de tenir compte au mieux de leur état de préparation. Pour le cas de défense, il offre en outre l’avantage de pouvoir tailler une force « sur mesure » pour mieux contrecarrer la menace.
Cependant ce principe est combattu par certains responsables militaires, sous prétexte de maintenir artificiellement des ancrages territoriaux. A l’époque de la globalisation, de la mobilité et de la flexibilité, ce système est révolu ! Il faut adapter notre armée, la redimensionner et mieux l’instruire pour en faire un instrument plus flexible. La capacité de créer des efforts principaux dans l’espace et dans le temps et de les appliquer sur les centres de gravité de l’ennemi est déterminante pour contraindre un adversaire à abandonner le combat. L’efficacité de l’instrument stratégique d’emploi de la force ne doit pas être sacrifiée sur l’autel du régionalisme ou d’intérêts particuliers.
D’ailleurs, avec l’Armée 95, déjà, les troupes de forteresse, précédemment affectées statiquement à des installations, sont devenues des formations liées à un secteur: Un bataillon de pionniers de forteresse dispose de moins d’équipages que d’ouvrages. Leur attribution se fait en fonction de la décision tactique. Cette évolution n’a cependant pas été remarquée par tous: beaucoup d’officiers pensent encore « troupes de forteresse Armée 61 » avec ses engagements figés, ses multitudes de servitudes et ses caisses de documents secrets !
Et pourtant les grands forts d’infanterie et d’artillerie ont été fermés.
Les formations desservant l’infrastructure de combat n’intègrent que des fortins lance-mines de nouvelle génération, quelques batteries Bison et des barrages avec barricades et ouvrages minés.

Quel sera leur avenir ?

  1. Sur la base de la doctrine opérationnelle de l’armée, en tenant compte des ressources à disposition, il faudra premièrement définir les besoins en renforcement du terrain.
  2. Deuxièmement, en appliquant le principe de modularité et en tenant compte de l’état de préparation désiré, il faudra déterminer quelles formations desserviront les installations retenues. Dans tous les cas, seule une partie des ouvrages pourra être occupée de suite et simultanément !

Ce processus, judicieux, tient compte de tous les paramètres objectifs. Au niveau subjectif par contre, demeure ce trouble qui décidément fait confondre troupes de forteresse et notion de réduit !

Pour beaucoup, il reste à comprendre que la dialectique entre mobilité et efficacité passe par le renforcement du terrain: Les bataillons mécanisés devront prendre leurs secteurs de combat au dernier moment, lorsque les indices clairs de l’effort principal adverse auront été déterminés. Ils n’auront pas le temps de procéder à des renforcements de terrain improvisés. Seul le renforcement permanent donnera la liberté de manœuvre nécessaire au commandant tactique supérieur !
Comme le rappelle souvent notre vice-président « le terrain commande, le feu décide ». Le renforcement permanent du terrain, synthèse de ces deux facteurs, est décidément l’argument majeur du défenseur menant le combat sur son propre territoire.
Pour conclure, permettez-moi d’attirer votre attention sur le potentiel touristique du patrimoine militaire. Il ne s’agit naturellement pas de sauver à tout prix de la vente ou de la démolition l’entier d’une infrastructure fortifiée érigée au cours du siècle dernier ou de transformer chaque fortin en un musée rempli de babioles plus ou moins reliées à des activités militaires.
Cependant, pour les jeunes générations qui n’ont connu ni les conflits mondiaux, ni la guerre froide et qui, contrairement à nous, n’ont pas entendu les récits de leurs pères ou vécu au contact de telles infrastructures, l’interprétation de ces vestiges deviendra de plus en plus mystérieuse.
Il est donc très important de conserver un choix d’installations typiques et significatives afin de faire comprendre l’esprit qui a permis à notre pays de rester uni devant l’adversité et les sacrifices consentis pour notre sécurité
Ce tourisme de mémoire sera un juste retour des choses: il permettra aussi d’honorer les populations qui ont accepté durant de nombreuses année la présence d’installations et de troupes dans leur voisinage.

Bien mis en valeur, rendus accessibles à un public toujours plus avide de connaissances et attiré par l’histoire, nos ouvrages ont encore un bel avenir devant eux.

Votre président

Divisionnaire Luc Fellay