Allemagne – Koblenz – Feste Ehrenbreitstein

Allemagne – Koblenz – Feste Ehrenbreitstein

Site stratégique depuis toujours

Les recherches archéologiques effectuées sur le site permettent de dater l’occupation de la colline de l’Ehrenbreitstein aux environs de l’an 4000 avant J.-C.

Sous l’Empire romain, un burgus (fortification romaine) est construit sur la colline. Sa mission est de protéger la ville de Confluentes (Coblence), l’embouchure de la Moselle dans le Rhin, les voies romaines menant à Cologne (Colonia Claudia Ara Agrippinensium) et Mayence (Mogontiacum) et la frontière du Limes rhénan située non loin près de Niederberg.

Le Deutsches Eck vu de la forteresse de la Feste Ehrenbreitstein

Une première fortification médiévale est bâtie à l’époque carolingienne aux alentours du 8ème siècle. Vers l’an 1000, le château d’Ehrenbreitstein occupe le sommet de la colline. Racheté par les princes-évêques de Trèves vers 1020, il est considéré comme l’ouvrage de défense le plus sûr de l’électorat de Trêves.

Au fil des siècles, le château est adapté aux techniques militaires de défense en vigueur. Au début du 16ème siècle, il devient une forteresse avec l’installation de pièces d’artillerie sur ses remparts et la construction de bastions et de fossés supplémentaires.

La forteresse baroque

Au cours de la guerre de Trente Ans (1618-1648), la forteresse change plusieurs fois de propriétaires au gré des événements. A partir de 1729, l’électorat de Trêves agrandit et transforme la forteresse. On ajoute des ouvrages défensifs et des batteries d’artillerie supplémentaires. Un nouveau rempart avec fossé, un chemin couvert et un système de contre-mines complètent les défenses du site.

A partir de 1795, les troupes révolutionnaires françaises assiègent la forteresse à quatre reprises. Le 27 janvier 1799, Ehrenbreitstein se rend aux Français après un siège de presque un an. En 1801 avec la signature du Traité de Lunéville, la France doit abandonner la rive droite du Rhin. Elle quitte Coblence en faisant sauter la forteresse d’Ehrenbreitstein.

Reconstruction

Après le Congrès de Vienne de 1815, le territoire de l’électorat de Trêve est attribué au royaume de Prusse. Entre 1817 et 1828, une nouvelle citadelle est construite sur les ruines de l’ancienne forteresse par la Prusse. Ce nouvel ouvrage est intégré au système défensif de la ville de Coblence. Appelé Oberehrenbreitstein, il est considéré comme le système fortifié le plus vaste d’Europe.

Utilisée par l’armée prussienne jusqu’en 1918, la Feste a pour mission de sécuriser la vallée du Rhin moyen et l’ensemble des infrastructures de transport du secteur de Coblence (ponts, voies de chemin de fer, ports et routes).

Occupée par les troupes américaines en 1919, puis françaises de 1923 à 1929, elle est réoccupée par l’armée allemande en 1936.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Feste abrite les biens culturels et les archives de plusieurs villes situées le long du Rhin. Pour assurer la défense aérienne de Coblence, trois pièces de DCA sont installées sur le site. Un abri antiaérien est creusé dans le rocher de l’Ehrenbreitstein pour abriter des civils. Entre 1939 et 1945, Coblence est détruite à 87 % par les attaques aériennes alliées mais la forteresse ne subit que peu de dommages.

Le 27 mars 1945, les troupes américaines occupent la forteresse et à la mi-1945, elle est intégrée à la zone d’occupation française.

Après guerre

Entre 1946 et 1950, un camp pour personnes déplacées occupe la forteresse. A partir de la mi-1949, de nombreuses familles sans abri de Coblence s’installent dans les casemates de l’ouvrage transformées en logements.

Aujourd’hui propriété du Land de Rhénanie-Palatinat, la forteresse d’Ehrenbreitstein abrite différentes institutions étatiques ou privées (musées, auberge de jeunesse, services administratifs, etc.). La Feste est accessible à pied ou en téléphérique.

Allemagne – Eifel – Manderscheider Burgen

Allemagne – Eifel – Manderscheider Burgen

Près de la ville de Manderscheid, dans le massif de l’Eifel, on découvre les ruines de deux châteaux forts dont l’histoire est marquée par les relations conflictuelles entre l’électorat de Trèves et le duché de Luxembourg.

La dénomination Manderscheid est attestée dans un acte de donation de 973. Les noms de famille et du château apparaissent dans l’histoire médiévale, entre 1141 et 1146, lors d’une querelle entre la maison de Namur-Luxembourg et le prince électeur de Trèves. A cette époque, les possessions du prince électeur forment une tête de pont dans le territoire luxembourgeois qui les entourait.

Le prince électeur accorde des droits de ville en 1332 à la cité de Manderscheid.

Oberburg

Manderscheid – Oberburg

Le château supérieur (Oberburg) est situé sur une colline dont le sommet a été arasé pour permettre sa construction. Il se compose d’un mur extérieur et d’un donjon de cinq étages.

Au sommet du donjon, la vue s’étend sur le château inférieur (Niederburg), la ville de Manderscheid et la vallée de la rivière Lieser.

En 1673, le château, toujours en possession de l’électorat de Trèves, est détruit par les troupes françaises.

Niederburg

Manderscheid – Niederburg

Le château inférieur (Niederburg) est situé sur un rocher en contrebas du château supérieur. Il en est séparé par la rivière Lieser sur trois côtés,

Depuis cet emplacement stratégique, les seigneurs de Manderscheid contrôlent la circulation dans la vallée et peuvent la bloquer en cas de nécessité.

Au fil des années, le château inférieur et ses fortifications sont agrandies et englobe le hameau de Niedermanderscheids situé en contrebas.

Vers la fin du 12ème siècle, le Niederburg devient le fief principal des seigneurs de Manderscheid dont la puissance est importante dans cette région de l’Eifel au Moyen-Âge.

Entre 1346 et 1348, le château est assiégé par les troupes du prince électeur de Trèves.

Enfin, en 1457, Dietrich III de Manderscheid est fait comte d’Empire. Au cours de son règne, il agrandit sa puissance et son domaine grâce à des achats et à une politique d’héritage habile.

En 1498 à sa mort, la famille Manderscheid se divise en trois lignées : Manderscheid-Kail, Manderscheid-Schleiden et Manderscheid-Blankenheim.

Le château inférieur reste la propriété des Manderscheid-Blankenheim ; ces derniers ne l’habitent plus et il tombe en ruine. La dernière de la lignée à régner fuit en 1794 devant l’approche des troupes françaises. Le château, définitivement abandonné, est mis en vente à l’encan en vue de sa démolition.

Restauration et utilisation

En 1921, les ruines de l’Oberburg sont restaurées par la ville de Manderscheid et rendues librement accessibles. Depuis le 1er janvier 2018, les ruines du Niederburg sont également propriété de la ville.

Les deux sites sont gérés par une association et le dernier week-end d’août de chaque année, une fête médiévale est organisée au château et sur la prairie adjacente.

Hong Kong – Fort Lei Yue Mun – Le gardien de l’entrée de la carpe

Hong Kong – Fort Lei Yue Mun – Le gardien de l’entrée de la carpe

Hong Kong fait partie de l’imaginaire collectif des Européens. La traduction littérale de son nom, port aux parfums ou port parfumé, en est le symbole même. Hong Kong, c’est une histoire qui débute vers 50’000 ans avant J-C et se poursuit 1997, après un intermède de 156 ans sous les couleurs britanniques, sous le nom de « Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine ».

Si l’importance militaire du détroit de Lei Yue Mun (LYM), entrée Est du port de Hong Kong, est connue depuis longtemps, ce n’est qu’en 1844 que quelques baraquements militaires britanniques seront construits et occupés par de la troupe. Il faudra attendre vingt années supplémentaires avant l’installation de pièces d’artillerie et encore vingt ans pour que l’importance stratégique de l’endroit soit inscrite dans le marbre avec la construction du Fort LYM. Ce dernier sera abandonné par les militaires et remis au gouvernement de Hong Kong en 1987. En 1993, le Conseil Législatif, vu de l’importance historique et architecturale du site, décide de le transformer en musée de la défense côtière (Hong Kong Museum of Coastal Defence). Les travaux d’assainissement et de transformation du site débutent et le musée ouvre le 15 juillet 2000.

Diverses promenades permettent de visiter les restes de quelques sites relatant l’histoire des fortifications terrestres et côtières de Hong Kong (Hong Kong Museum of Coastal Defence, Pinewood Battery, Mount Davis Battery, Devil’s Peak et ligne Gin Drinkers). On peut également découvrir les restes de sites fortifiés d’avant la colonisation anglaise (Tung Lung Fort, Tung Chung Fort, Tung Chung Battery, Fan Lau Fort). Hong Kong n’est pas seulement moderne mais conserve encore un peu de son passé militaire.

Pour plus d’information, relisez l’article « Hong Kong – Une petite histoire militaire » parue dans notre bulletin 2017.

ACORES – Sao Miguel – Un archipel fortifié

ACORES – Sao Miguel – Un archipel fortifié

​L’archipel portugais des Açores, région autonome du Portugal, est un groupe d’îles situé l’océan Atlantique, à environ 1 450 km à l’Ouest de Lisbonne, et à 2 446 km à l’Est de Terre-Neuve (Canada) et c’est un emplacement stratégique pour servir d’escales aux navires et avions qui traversent l’Atlantique en direction de l’Amérique du Nord ou du Sud.

Colonisée à partir du milieu du 15ème siècle, ces îles servent d’escales aux navires portugais et espagnols lors de leur retour d’Amérique et des Antilles ; l’escale aller se trouvant sur l’île portugaise de Madère. Vu son importance stratégique, les neufs îles des Açores ont bénéficié depuis leur découverte d’un programme de construction de fortifications qui s’est poursuivi jusqu’au milieu du 20ème siècle. De nos jours, la base aérienne de Lajes située sur l’île de Terceira est régulièrement utilisée pour des atterrissages d’urgence des compagnies effectuant la traversée de l’océan Atlantique Nord et pour les escales des divers appareils de l’US Air Force et de l’OTAN.

Un avant-goût photographique de quelques ouvrages de l’île de Sao Miguel et de l’article consacré aux fortifications de l’archipel des Açores qui paraîtra dans notre bulletin 2019.

SINGAPOUR – Fort Siloso

SINGAPOUR – Fort Siloso

​En 1879, on décide de construire deux positions fortifiées pour protéger les approches maritimes Ouest du port de Singapour ; le Fort Siloso à l’Ouest de l’île de Blakang Mati (Sentosa) et la batterie de Pasir Panjang sur l’île principale à l’opposé du Fort Siloso.  

La Première Guerre Mondiale se déroule sans engagement réel pour le Fort Siloso. De 1919 jusqu’au début des années 1930, rien ne change dans le fort. Au début des années 1930, des cantonnements pour la troupe, un poste d’observation, une nouvelle salle des machines et divers magasins sont construits. La DCA prend place sur les superstructures du fort.

La guerre atteint l’île avec le bombardement du fort le 18 janvier 1942. Fort Siloso engage son artillerie, le 11 février 1942, contre les Japonais progressant le long de la côte Ouest. Le fort est à nouveau  bombardé mais l’artillerie reste opérationnel. Après l’armistice, les Japonais prennent possession de Fort Siloso. Durant l’occupation japonaise, le fort est partiellement remis en service. Les troupes britanniques reviennent en septembre 1945. En 1946, des travaux sont exécutés pour rendre Fort Siloso opérationnel. En octobre 1947, le fort devient un site d’entraînement pour l’artillerie côtière. La batterie effectue des tirs d’entraînement jusqu’à la disparition de l’artillerie côtière de l’armée britannique en 1956. L’armement du fort est démonté et mis au rebut. En 1967, le fort est remis au gouvernement de Singapour. L’armée singapourienne installe diverses unités et l’occupe jusqu’en 1972. L’île, renommé Sentosa, redevient civile et Fort Siloso est transformé en musée et ouvert au public en 1975. Le site fait l’objet de nombreuses restaurations dans les années 1990.

De nos jours, on rejoint le Fort Siloso en profitant des moyens modernes de transport (monorail et télécabine) ; puis on accède par un ascenseur à un pont traversant la canopée de la forêt du Mont Siloso pour arriver au sommet de la colline directement dans le fort. Singapour est riche en histoire militaire et de nombreux sites sont consacrés aux douloureux souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale et à l’occupation japonaise. La plupart de ces sites sont accessibles en transports publics.

Pour plus d’information, lisez l’article « Singapour – Une petite histoire militaire » parue dans notre bulletin 2018.

Ouvrage 261 Vievola – Vallo Alpino (I)

Ouvrage 261 Vievola – Vallo Alpino (I)

Dans les années 30, l’italie construit comme la France une ligne de défense constituée de nombreux bunkers construit en pleine montagne.

Dans la vallée de la Roya, l’association ASVAL, en collaboration avec la mairie de TENDE, reconditionne l’ouvrage 261 du barrage de Vievola, un des nombreux ouvrages abandonnés du vallo alpino.

L’ambiance régnant dans ces ouvrages en 1939 à la veille de la 2eme guerre mondiale y est fidèlement reproduit afin d’y découvrir la vie des soldats italiens prêts à défendre leur frontière.

Ce musée, inauguré en 2016, est implanté dans l’ouvrage 261 de Viévola (Hameau de Tende). Il reprend de manière soignée et magnifiquement mise en scène les conditions, armement et objets qui faisaient le quotidien des soldats italiens qui occupaient ces ouvrages de surveillance dispersés dans nos massifs.

L’association ASVAL (Associazione per lo studio del Vallo Alpino) a créé ce musée et gère son ouverture.

https://www.facebook.com/AssociazioneStudioValloAlpino/?rc=p

#museeduvalloalpino

Forte Colle Alto et sa caserne – Col de Tende (I)

Forte Colle Alto et sa caserne – Col de Tende (I)

Les frontières dites naturelles sont en réalité des frontières issues d’un long processus de construction. La frontière des Alpes entre la France et l’Italie est située sur la ligne de crète entre ces 2 pays, sauf pour le Mont Blanc en territoire Français, le Mont Cenis et le Petit St-Bernard, en Italie.

Les villages de Tende et Brenda actuellement en territoire Français était historiquement des terres de chasse du roi Victor Emmanuel. C’est le Général De Gaulle qui exigea après la seconde guerre mondiale que ce territoire soit rattaché à la France. Ce particularisme fait que le développement des ouvrages fortifiés italiens s’est fait dans l’axe Tende jusqu’au sud de St-Dalmas-de-Tende, non loin de Sospel.

Le col de Tende est un lieu chargé d’histoire : passage le plus commode entre le Piémont et la Méditerranée, il fut sans cesse amélioré afin de faciliter la circulation des personnes et le transport des marchandises.

D’abord simple chemin muletier créé en 1652, la route fut achevée en 1782. L’ouverture des tunnels routier (1883) et ferroviaire (1928) a provoqué le quasi-abandon des anciennes viabilités.

La crête frontière, déterminée en 1947, fourmille de constructions militaires (forts, blockhaus) dont certaines comme le fort Central offrent un véritable intérêt architectural.

Six forts de forme rectangulaire construits entre 1800 et 1900 par le génie militaire italien ont abrité des troupes jusqu’à la fin de la dernière guerre ; entourés d’un profond fossé, ils sont accessibles par un pont-levis que la vétusté dégrade irrémédiable ment.

Le fort de Colle Alto ou fort central est le centre et la pièce maîtresse du groupe d’ouvrages constituant le camp retranché ou barrage de Tende ; il contrôle directement la route et le col de Tende. Il est construit à 1926 m d’altitude à l’est du col dont il est distant d’environ 600 m

 

 

 

Fort de Colle Alto – Tende

Le fort est conçu à la base comme un trapèze équilatéral : le front de gorge (nord) est parallèle au front d’attaque (sud), plus court, et les longs fronts latéraux convergent symétriquement du premier vers le second. Cette symétrie d’intention est pourtant rompue par le large pan coupé qui rogne l’angle sud-ouest, compromis dû à des impératifs de couverture des tirs à longue portée. Un fossé à fond parfaitement horizontal environne le fort sur trois côtés. Au sud-ouest et au sud-est se trouvent deux angles arrondis.

Aux deux angles sont aménagés deux ouvrages de flanquement saillants, de conception intermédiaire entre une caponnière et une tour basse : ils sont les seuls organes du fort disposant d’un niveau actif en fond de fosse en plus du rez-de-chaussée. A l’intérieur se trouve la caserne longitudinale, moins haute que celle des bâtiments d’enveloppe et légèrement décentrée ; c’est sur cette structure que donne la porte d’entrée du fort, précédée d’un pont à arche unique.

Source : https://dossiersinventaire.maregionsud.fr/gertrude-diffusion/dossier/fort-de-colle-alto-ou-fort-central/0076cf83-dc96-41ab-bc64-31276dfb09cc
Plan ; https://randoxygene.departement06.fr/haute-roya/circuit-des-forts-9211.html

Les cantonnements au nord ouest

Promenade automnale au fort des Trois-Têtes à Briançon (F)

Promenade automnale au fort des Trois-Têtes à Briançon (F)

Alors qu’il effectuait une tournée générale de toutes les places fortes du royaume et qu’il se trouvait en Bourgogne, Vauban recevait du roi un ordre lui enjoignant de se rendre d’urgence à Briançon, sinistrée par un incendie général survenu en janvier 1692 : deux cent cinquante-six maisons sur deux cent cinquante-huit avaient été totalement ou partiellement détruites.

Vauban poursuivit son inspection et n’arriva à Briançon qu’en octobre 1692. Il y séjourna une semaine et reprit la route pour continuer sa tournée.

Pendant son voyage entre Briançon et Embrun il rédigeait un premier rapport au roi dans lequel il indiquait que Briançon n’était que ruines, qu’il fallait reconstruire la ville et la fortifier, en ne tenant aucun compte des murailles antérieures à l’incendie, qui n’étaient en somme que les « façades extérieures des maisons, percées de fenestrages » peu efficaces en cas d’attaque. Il fallait, selon lui, construire de véritables remparts, adaptés au terrain et partant du bas du roc : un travail gigantesque.

Dans un second projet, Vauban précisait qu’il était indispensable aussi d’établir des forts et des redoutes fortifiées sur les sommets voisins, plus élevés que la ville, afin que cette dernière soit protégée.

Il pensait à la construction du fort des Trois-Têtes, du fort du Randouillet, du fort d’Anjou, du fort Dauphin, de la redoute des Salettes, et même à la possibilité de construction d’une redoute sur la colline de Serre-Paix (non réalisée).

Une route taillée dans la roche devait permettre de relier la place forte de Briançon au fort des Trois-Têtes par un pont à deux arches qui enjamberait les gorges de la Durance.

Vauban revint à Briançon en 1700 pour une inspection. Il constata que ses plans n’avaient pas été suivis comme il le souhaitait et que ses projets avaient été sérieusement « esquintés » (lettre écrite par Vauban à un ingénieur du roi qui se trouvait sur place). Ce second séjour fut aussi bref que le premier et, pourtant, il rectifiait sur les lieux tous les travaux qui s’éloignaient trop de ses projets.

Vers 1725 tous les projets de Vauban étaient à peu près terminés. D’autres travaux effectués plus tard par le maréchal d’Asfeld portent aussi l’empreinte de Vauban, avec cependant quelques modifications par exemple l’ajout du bastion nord-est du fort des Têtes, qui portent le nom d’Asfeld.

 

​Briançon, le fort des Trois-têtes

Le fort doit son nom au plateau rocheux sur lequel il a été édifié. Destiné à empêcher les ennemis de prendre position au-dessus de la ville, un camp retranché est établi sur cette hauteur dès 1709 d’après le projet de 1700 de Vauban. Les travaux définitifs commencent après la fin de la guerre de Succession d’Espagne et le traité d’Utrecht de 1713 qui a modifié la frontière avec le duché de Savoie. Ils durent jusqu’en 1734.

Ce fort est l’ouvrage le plus important de la barrière fortifiée du 18e siècle et oppose 600 m de front à l’ennemi sur une profondeur de 350 m. Après avoir aplani le plateau rocheux, les ingénieurs disposent de la place nécessaire pour édifier les bâtiments indispensables à la vie de la garnison. Un front bastionné, puissamment armé, protège le fort des assauts venus des pentes de la montagne de l’Infernet.

Un bas-fort plonge vers la gorge de la Durance et permet de battre le fond de la vallée.

Le fort comporte trois accès :

1 – La porte de la Durance permet d’entrer dans le fort en venant de Briançon par le pont d’Asfeld.

2 – La porte du front de secours au sud, facile d’accès en hiver et abritée des tirs ennemis, permet de ravitailler le fort en vivres et en eau et d’évacuer les blessés en cas de conflit.

3 – La porte royale est située dans la partie la plus défendue du fort. Elle est protégée par un important dispositif :

  • un front bastionné composé de deux bastions et une demi-lune (doublés d’une lunette et de contregardes),
  • des fossés et un chemin couvert.

Le passage s’ouvre au centre de la courtine. Un décor de style classique comportant deux pilastres et un fronton triangulaire orne l’entrée.

La place d’armes est protégée des tirs ennemis par une demi-caserne s’appuyant sur un épais mur faisant office de blindage.

À l’intérieur du fort s’élèvent des casernes de type Vauban pouvant loger environ 1 200 hommes, une chapelle dédiée à saint Louis, un bâtiment pour le gouverneur de la place, un arsenal pouvant abriter une centaine de pièces d’artillerie au rez-de-chaussée et 20 000 fusils sur deux niveaux*. Pour le stockage des poudres, sont construits successivement : en 1727, un magasin à poudre de type Vauban (83 tonnes de poudre noire*), en 1874, une poudrière caverne (38 tonnes) et en 1878, une mi-caverne (60 tonnes).

La caserne casematée protégeant le front de la Durance côté Briançon pouvait abriter jusqu’à 390 hommes. On y trouvait une boulangerie, des écuries pour 24 chevaux et les cachots. Le hangar surmontant le bâtiment servait pour le stockage du bois. Le plateau ne comportant aucune source, le fort est équipé de 2 citernes pour ravitailler la troupe en eau (3 300 m3*). Elles étaient alimentées par une source captée dans la montagne de l’Infernet. L’eau arrivait dans le fort par le front royal.

*d’après Milet de Monville en 1747- SHD Vincennes

Source :

Vauban, sa vie et son œuvre – 1984

https://www.serre-chevalier.com/fr/fort-des-trois-tetes-fp2345

Eben Emael – promenade en Belgique (B)

Eben Emael – promenade en Belgique (B)

Pour la fête nationale belge, je me suis rendu au Nord de Liège au fort d’ Eben-Emael.

Le complexe souterrain du fort d’Eben-Emael est creusé dans une colline de tuffeau.  En surface, il s’inscrit dans un triangle de 750 m de base et de 950 m de hauteur. La superficie totale du domaine militaire s’élève à 75 ha équivalents à 150 terrains de football.

La mission du fort était de couvrir les ponts sur la Meuse et le canal Albert dans la région de Visé, Maastricht et Lanaken et d’empêcher qu’une armée d’invasion ne puisse emprunter les voies d’accès et ces ponts vers l’intérieur de la Belgique.

En 1940, le fort d’Eben-Emael faisait partie de la Position Fortifiée de Liège (P.F.L.) avec 8 forts modernisés parmi les 12 forts construits à la fin du 19ème siècle et avec les 3 autres nouveaux forts.

Elle a été prise d’assaut par des soldats allemands qui y placèrent une charge creuse au pied d’une cage d’escaliers d’un ouvrage de combat qu’ils avaient conquis. L’explosion provoqua une énorme onde de choc qui tua quatre soldats belges et blessa grièvement plusieurs autres.

… et c’est cette histoire que vous retrouver tout au long de la visite. Pascal